Les membres du BD CLUB interviewent les "Espions de famille"
Le 18 juin dernier, Thierry Gaudin et Romain Ronzeau nous ont fait l’honneur de revenir chez les Buveurs d’encre pour une séance de dédicace, et surtout un entretien V.I.P exclusif avec les membres du BD club. Les enfants ont adoré la série Espions de Famille, et avaient préparé plein de questions à poser. Café, jus d’orange et croissants servis, l’entretien peut commencer !
Thomas : Où avez-vous trouvé l’inspiration pour l’histoire d’Espions de famille ?
Thierry : Deux choses : la première, c’est que je voulais parler d’une histoire d’amour compliquée. Quand j’étais jeune, j’étais amoureux de jeunes filles, et pour moi c’était très compliqué d’exprimer mes sentiments. Donc ça m’intéressait de partir de ce point de départ avec Alex. En plus quand il essaye de dire à Leïla qu’il est amoureux d’elle, son grand père lui met la honte, alors comment faire ? Et seconde chose, c’est la relation aux grands-parents. Enfant, j’adorais aller les voir: ils étaient géniaux et ils donnaient beaucoup d’amour; alors que quand j’étais ado j’y allais moins, je passais plus de temps avec les copains, les copines, et quand j’ai voulu m’y intéresser, c’était trop tard. Parfois nos grands-parents ont des vies très riches et ils ont traversé l’histoire, alors partir de ce petit-fils qui doit s’intéresser au passé de son grand-père et s’allier avec lui pour combattre les méchants, ça me plaisait beaucoup.
Romain : Il y avait aussi un troisième élément, on avait une contrainte : Okapi nous a demandé une histoire d’aventure: c’est comme ça qu’est venu l’idée des espions. Et donc j’ai beaucoup aimé ce mélange de l’intime et de l’aventure.
Thomas : Moi j’adore James Bond, d’ailleurs j’ai une idée pour le prochain: vous voyez dans le précédent quand… Thierry et Romain craignent le spoiler, mais Thomas n’en dévoile pas trop. La parenthèse ne tourne pas au drame du divulgachis. Nous reprenons sur l’inspiration pour Espions de famille.
Romain : j’ai vécu quelque chose d’assez similaire avec mes grands-parents (bon, avec les filles pour moi c’était pareil voir pire). J’avais envie de faire une BD d’aventure jeunesse un peu de type Spirou, parce que c’est ce que j’avais lu quand j’étais petit, et je trouvais qu’il y avait ce côté aventure, avec beaucoup de rebondissements, assez drôle, un peu à l’ancienne mais avec une touche de neuf !
Thierry : On s’est aussi beaucoup retrouvé sur les émotions. Chaque album correspond à une émotion : l’abandon, la trahison, les choix difficiles, les conflits, on ne laisse jamais nos personnages tranquilles. On a pioché dans nos existences respectives.
Violette : qu’est ce qui se passerait si vous deviez faire un tome où vous échangez vos rôles ?
Romain : Je vais te dire exactement ce qui se passerait: l’histoire n’aurait ni queue ni tête, et les dessins seraient horribles.
Thierry : Je pense que l’histoire se tiendrait quand même parce que Romain a déjà fait des albums tout seul. (Mais ce serait beaucoup moins trépidant, ajoute Romain.) Sauf si tu aimes les bonhomme-bâtons, là ça pourrait être trépidant, avec des smiley, des petits cœurs et de très belles bulles ! Je sais très bien faire les bulles.
Romain : c’est vrai qu’on ne peut pas s’improviser illustrateur. On peut très bien commencer à être dessinateur très tard, (je crois que Trondheim a commencé très tard, vers 30 ans) mais il faut travailler dur, s’y mettre vraiment et dessiner tous les jours ! Et la clé c’est aussi l’envie, quoi que vous fassiez dans la vie d’ailleurs.
Coline : J’ai adoré les combinaisons des personnages, et surtout les couleurs. Comment avez-vous créé les costumes?
Romain: J’ai fait beaucoup d’essais, mais c’est marrant parce que il y a quand même beaucoup de noirs et de gris dans ces combinaisons. Pour moi, il devait y avoir le côté pratique d’une tenue d’espion, de commando et un côté un peu superhéros. On a pris toute la série pour amener les personnages à ce statut de superhéros donc il fallait que ça se voit. Est-ce que Coline nous demande de créer un gamme de vêtements ?
Violette : Si vous deviez faire un autre tome après le dernier, il raconterait quoi ?
Thierry: Le dernier tome signe vraiment la fin d’Espions de famille. Ceci dit, on travaille sur un nouveau projet qui se déroule 50 ans plus tard. On change de thématique avec les espions, mais on garde le fil rouge de la transmission familiale. On développe un univers et une histoire autour de l’environnement et l’écologie. On n’a pas fait de suite classique, ça fait un peu Star Wars, on change complètement d’époque.
Romain: Des lecteurs nous ont déjà dit qu’ils voulaient voir la jeunesse du grand-père. Alors oui, on pourrait faire ça : imaginer de nouvelles aventures avec d’autres personnages… mais c’est moins nécessaire. Je trouve que ça tue la légende ! On a vu plein de films et de séries comme ça. Je pense notamment à Bobba Fett dans Star Wars, ou même à une BD mythique des années 80: il y avait un vieux personnage que j’adorais et quand j’ai lu l’aventure sur sa jeunesse, j’ai été déçu: on n’a plus de légende, d’histoires qu’on se raconte. Une légende, ça se crée !
Les enfants sont très intéressés par cette nouvelle histoire ! Et Thomas a plein de propositions scénaristiques : et si Alex meurt, et si les personnages effectuaient une reconversion professionnelle ?
Le café, le jus d’orange et les croissants sont avalés, les questions ont trouvé leurs réponses et il est maintenant temps de terminer cette interview riche en échanges pour passer à la dédicace!
Violette, Thomas et plein d’autres enfants repartiront avec un super album et une illustration personnalisée ce samedi là ! Le troisième tome d’Espions de famille sortira dans la collection Bande d’ados le 31 aout prochain, de quoi nous faire patienter en attendant le nouveau projet de ce duo de choc !
Petit bonus: voici un lien vers la page Instagram du dessinateur Romain Ronzeau, toujours prêt à partager des anecdotes rigolotes! Au programme, cochon d’inde et intervention dans une classe de CE1.
https://www.instagram.com/romainronzeau/