GEISHA OU LE JEU DU SHAMISEN – Christian Perrissin & Christophe Durieux

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Itinéraire d’une fillette pour devenir geisha : un délicat enfer…

Setsuko Tsuda a 7 ans lorsque sa famille arrive à Tokyo : son père était samouraï, mais lorsque le régime féodal a été réformé, et les clans dissous, il s’est lancé dans le commerce de bois, qui ne lui a pas réussi. Avec son épouse et ses deux filles, il arrive à la ville après une longue marche, et s’installe comme menuisier ; mais il est victime d’un accident de tramway, et perd une jambe. Il sombre dans l’alcool. En désespoir de cause, il vend sa fille à une maison de geisha, l’okiya Tsushima, avec la promesse d’un avenir bien meilleur que ce qu’il peut lui offrir. Commence alors pour Setsuko, un long apprentissage : un nouveau nom, une nouvelle discipline, une nouvelle éducation. Et une dette à rembourser : elle devra reverser la somme offerte à son père, le coût de l’enseignement, des vêtements, du médecin. Son apprentissage est difficile et exigeant, dans un microcosme féminin où jalousies et rivalités fleurissent à l’envi. Setsuko, rebaptisée Kitsuné, trouvera un échappatoire dans la pratique du shamisen, l’instrument de musique à trois cordes traditionnel.

Cette chronique du Japon classique raconte l’envers du décor des estampes : derrière le fantasme de la geisha, se cache des individus, des destinées, des chemins de vie sinueux. Le joug des conventions et des soumissions laisse bien peu de libertés à cette fillette, qui narre son histoire avec une douce mélancolie. Le dessin de Christophe Durieux est tout en rondeur, avec une palette de gris impressionnante, et une texture veloutée. Les décors naturels et urbains, les détails des vêtements et des expressions, tout concourt à une très belle atmosphère, élégiaque, cruelle.

Et de vive voix !

Futuropolis – 19€

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