Caryl Férey poursuit la piste andine, après Mapuche : il traverse la frontière et nous entraîne au Chili. Gabriela habite chez Stefano, dans le cinéma dont il est le propriétaire et le projectionniste ; elle est mapuche, et suit des études de cinéma, lui est un ancien militant du MIR, parti d’extrême-gauche, exilé pendant des années après le coup d’état de 1973 qui installa Pinochet au pouvoir. Ils habitent La Victoria, un quartier populaire où quatre gamins viennent de succomber à de suspectes overdoses. Las d’attendre l’aide d’une police qui se sent peu concernée, ils vont contacter un avocat, Esteban Roz-Tangle. Fils d’une excellente famille, il prend à rebours sa condition privilégiée et s’affiche comme spécialiste des causes perdues. D’autant que l’affaire se corse quand son associé se suicide de façon un peu trop opportune.
Ceux qui connaissent les polars de Caryl Férey reconnaîtront son sens de l’intrigue : le lecteur est immergé dans la réalité actuelle du pays et s’enfonce dans son histoire et ses diverses composantes sociales. On embarque à tombeau ouvert dans ce thriller peuplé de personnages emblématiques et charismatiques, on espère (ou on craint) un happy end impossible, on retient son souffle à la lecture de scènes dures. On s’accroche, et on ne s’ennuie pas une seconde.
Gallimard Série noire – 19,50€