COMME UN BLUES – ANIBAL MALVAR

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La Galice, c’est un peu la Bretagne en Espagne. La pluie colle comme une seconde peau à ce récit bien noir, mené de main de maître et qui, à la faveur d’une intrigue a priori assez simple nous fait entrevoir les coulisses de l’histoire récente de l’Espagne. Carlos Ovelar est un photographe tout ce qu’il y de banal , mais il a eu une autre vie avant. Sous les ordres de son père, il a travaillé pour les services secrets espagnols. Une expérience qui lui vaut d’être contacté par le nouveau mari de sa femme afin de retrouver la fille du couple, Ania, 18 ans, disparue dans ce qui apparaît assez vite être une embrouille liée à un trafic de drogues.

Comme un blues est un roman remarquable à plus d’un titre. Par le climat plombant très bien rendu, cette dépression dans laquelle patauge notre protagoniste, jamais remis d’un drame familial qui d’une certaine manière structure le récit, explique en tout cas l’itinéraire de Carlos. Par les personnages forts et complexes aussi, celui du père en particulier, modèle négatif, objet de détestation autant que d’admiration. Et il y a Guadralpa, vieux flic à l’ancienne et à bout de course, a sa manière extrêmement attachant. Enfin, le contexte évoqué par le récit, la préparation du coup d’Etat du 23 février 1981, donne une densité historique au roman. J’avoue être peu au fait de la thèse longuement présentée dans le roman et j’ignore quelle est la part de vérité, mais cet intéressant article du Centre Français sur le Renseignement permet de se documenter avant de se plonger dans une lecture que je vous recommande chaudement.

Traduit de l’espagnol par Hélène Serrano

Editions Asphalte – 22 euros

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