LE GRAND JEU – Pierre Lemaitre

Facebook

Commençons par la visite annuelle de la savonnerie Pelletier en 1948 à Beyrouth : un patriarche satisfait et passionné par la saponification, une épouse, au tempérament mélodramatique, et leurs rejetons, trois fils et une fille, qui ne rêvent que de quitter leurs parents et la petite communauté francophone levantine. L’un a filé à Paris pour (soi-disant) intégrer Normale Sup. L’autre s’est (mal) marié et après avoir échoué à la tête de la savonnerie familiale, il est devenu représentant de commerce à Paris. Le petit dernier gagne Saïgon, pour retrouver son amant militaire. Reste l’unique fille, qui ne tardera pas à décamper aussi.

Beyrouth, Saïgon, Paris : Pierre Lemaitre nous entraine loin. Cette famille, qui éclate de part le monde en cette année 1948, emprunte des chemins de traverse étonnants. Foin de success stories pour les rejetons de la famille Pelletier : au contraire, leurs trajectoires sont cabossées et inattendues. Pierre Lemaître ne ménage pas son lecteur : péripéties (ne me tentez pas, je me suis promis de ne rien dire…) et coups de théâtre rythment un récit absolument passionnant. Le Paris journalistique d’après-guerre, la condition de commerçant, la peinture du Saïgon colonial : les thèmes observés à la loupe sont portés par des personnages complexes, et ce grand monde est une superbe machinerie.

Calmann-Lévy – 22,90€

Pour poursuivre la lecture