Entretien avec LAURE GARANCHER pour « À la recherche de l’Amazonie oubliée »

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Montez donc en pirogue, aux côtés de Laure Garancher et d'une équipe d'archéologues : direction la jungle guyanaise !

Le dernier paru de la collection Octopus de Delcourt nous a conquis : une découverte de l’Amazonie, une réflexion sur l’histoire de cette région mal connue, et des retrouvailles avec une autrice que nous avions eu le plaisir de recevoir il y a quelques années. Laure se prête au jeu de l’interview pour nous faire découvrir son nouveau livre.

Bonjour Laure,

Nous avions eu l’occasion de vous rencontrer, il y a quelques années maintenant, à l’occasion de la publication d’Opium et de Mon fiancé chinois. Aujourd’hui vous publiez À la recherche de l’Amazonie oubliée  : quels chemins avez vous empruntés pour passer de l’Asie à l’Amazonie ?

Par le chemin le plus direct ! Je suis passée par l’Afrique du Sud, où j’ai travaillé pour le ministère de la santé. C’est là-bas que j’ai écrit mon premier ouvrage. C’était un moyen de faire le point sur tout ce que j’avais vu en vivant au Vietnam…

Puis je suis partie dans la région Caraïbes avec l’OMS. J’ai toujours un scénario sur l’Afrique du Sud dans mes tiroirs, j’aimerais pouvoir écrire sur tous les endroits où j’ai vécu. Travailler à l’étranger, c’est une chance de découvrir une autre culture de l’intérieur…

Arrivée à la Barbade (siège régional de l’OMS), j’étais en charge des départements français d’Amérique (Guadeloupe, Martinique et Guyane). J’allais donc souvent en Guyane et au Surinam. J’ai d’ailleurs écrit une BD sur le Surinam, Picolette.

La forêt amazonienne comme lieu de recherches archéologiques : on s’attendrait presque à un scénario à la Indiana Jones. .. mais vous décrivez la réalité de la recherche bien différemment. Qu’est-ce qui vous a le plus intéressé et étonné dans cette mission ?

Ce qui est génial sur ce terrain Amazonien, c’est qu’il faut faire preuve de créativité pour reconstituer le passé. Il n’y avait aucun bâtiment en pierre dans cette immense région, tout était en bois et a donc disparu sous une forêt tropicale dense. J’ai donc découvert plein de spécialités scientifiques que je ne connaissais pas et qui se complétaient. Qui pourrait deviner que l’étude des vers de terre, par exemple, donne des infos sur l’occupation passée des territoires ? Et puis les chercheurs sont des gens passionnés, les écouter sur le terrain pendant qu’ils « voient » tout un tas de choses qui nous échapperaient totalement sans leur présence c’est une vraie chance !

Archéologues, anthropologues, mais aussi pédologue, anthracologue, géodrilologue : le casting réserve de nombreuses surprises. Les scientifiques que vous dessinez sont passionnés : êtes-vous familière de ces domaines scientifiques ?

J’ai une formation scientifique. Je suis ingénieur en agro-alimentaire à la base. Pendant la première partie de mes études je voulais moi-même être chercheuse, puis j’ai découvert que le boulot en labo ne me motivait pas du tout ! J’ai alors repris des études de socio-anthropologie. Du coup j’arrivais à décrypter leur langage crypté de scientifique !

Vous avez rencontré des hommes, des animaux et des plantes : une belle matière pour nourrir votre dessin. Comment avez-vous travaillé ? Avez-vous beaucoup croqué sur place, en plein milieu de la jungle ? Cela doit changer du travail solitaire en atelier…

Certains dessins de la BD ont été faits sur place. En particulier ceux qui sont en noir et blanc dans l’ouvrage. Au départ, quand je suis partie sur cette mission, le but n’était pas que je fasse un album. L’idée était de documenter ce qui se passait sur place, et surtout de pouvoir « redessiner » le paysage en imaginant ce qu’il pouvait avoir été. Mais quand j’ai vu toute la matière qu’il y avait je me suis dit qu’il fallait en faire quelque chose ! Par la suite, comme je mettais en scène des « vrais gens » (mes autres albums sont tous des fictions) j’avais un peu de stress, pour être sûre que cela allait leur plaire. C’était donc moins « solitaire » que l’écriture d’un album classique, puisque j’avais leur retour au fur et à mesure.

Deux personnages pour le moins originaux questionnent l’équipe de chercheur : une tarentule et un anaconda… de quoi en effrayer plus d’un. Mais vous les dessinez de façon tout à fait sympathique : avez-vous eu l’occasion d’en approcher ?

Oui, mais pas pendant cette mission… Mais j’ai le souvenir d’une ENORME mygale juste à côté de mon hamac lors d’une mission au Surinam… J’avoue que je ne l’aurais pas baladée sur ma tête comme dans la BD, mais je les trouve tout de même fascinantes. Je me suis beaucoup amusée à les faire parler avec leur commentaires toujours décalés…

Et parce que vous êtes d'insatiables curieux, une bien intéressante conférence sur les liens entre bd et recherche avec Laure :

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