CONFITEOR – Jaume Cabré

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confiteor Quand on est fan absolu d’un auteur, ce qui est mon cas avec Cabré que je considère comme l’un des plus grands auteurs contemporains, on attend toujours la sortie du nouveau roman avec un sentiment mêlé d’excitation et de crainte. La crainte que, peut-être, ce ne soit pas tout à fait aussi bien que le roman d’avant.

Les voix du Pamano, le précédent roman de Cabré, est certainement la lecture qui m’a le plus marqué depuis Le bruit et la fureur ou Hurlevent, et je situe ce livre à ce niveau dans mon Panthéon personnel. Ma crainte était donc forte mais elle était infondée, car Confiteor est un authentique chef-d’oeuvre.

Un chef-d’oeuvre impossible à résumer et je ne m’y risquerai pas. Vous pouvez lire dans Le Monde ou Télérama, pour ne citer qu’eux, des critiques pertinentes et élogieuses qui vous proposent des grilles de lecture intéressantes. Il semble – enfin ! – , avec ce quatrième roman traduit en français, que Cabré soit en passe d’être « découvert » par les critiques et de bénéficier d’une notoriété (et espérons-le, de ventes) plus conformes à son talent.

Pour tout de même le situer en deux mots, Confiteor traite, à travers l’histoire personnelle et familiale d’Adria, linguiste génial dont la mémoire est en train de s’effacer, de la persistance du Mal dans l’histoire occidentale. Mon résumé est bancal et très approximatif, mais vous comprenez à quel point le propos est ambitieux. Cabré reprend ici le dispositif qui lui est propre et qui consiste à faire dialoguer des époques différentes, souvent au coeur d’une même scène, quitte à changer le point de vue narratif. C’est parfois complexe à suivre, mais jamais gratuit car l’esbrouffe n’est définitivement pas le style de Jaume Cabré.

Magistral par sa construction, Confiteor est également porté par un véritable souffle narratif et de vraies trouvailles et l’humour est beaucoup plus présent que dans les opus précédents. Bref, si vous connaissez et aimez déjà Jaume Cabré, Confiteor est forcément votre prochaine lecture. Si ce n’est pas encore le cas, Confiteor n’est peut-être pas la meilleure porte d’entrée dans l’oeuvre de Cabré. Lisez d’abord les Voix du Pamano, ça tombe bien, il est disponible en poche (c’est d’ailleurs le seul de ses romans). Si vous avez un peu de temps et d’argent, et si ce petit billet et les différentes chroniques que vous lirez à droite et à gauche excitent votre curiosité, lisez les quatre romans dans l’ordre de leur écriture et de leur parution en France. Sa seigneurie d’abord, puis L’ombre de l’eunuque, les deux autres ensuite. Vous y verrez un écrivain d’une dimension hors du commun construire un style et peaufiner une oeuvre, et c’est fascinant.

Traduit du catalan par Edmond Raillard
Actes Sud – 26 euros

PS : J’avais sélectionné les romans de Cabré pour les mettre en avant à l’occasion d’une fête de la librairie. Je remets le petit billet que j’avais écrit en ligne, il est lisible ici.

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