Mizuki est un mangaka de premier plan, l’auteur de Kitaro le repoussant et de Nonnonba, qui lui valut le prix du meilleur album au festival d’Angoulème en 2007. C’est aujourd’hui un vieux monsieur de 90 ans, dont le premier tome de l’autobiographie (prévue en 3 volumes) paraît aux éditions Cornélius.
Voici un album particulièrement intéressant, qui éclaire toute l’oeuvre de l’auteur, et en particulier le rapport au surnaturel qui structure l’ensemble de son oeuvre. Mizuki en avait déjà donné de premières clés dans Nonnonba, dont cet album reprend d’ailleurs quelques pages. Mizuki revient ainsi sur la relation déterminante qu’il entretint dans sa prime jeunesse avec la vieille campagnarde que sa famille hébergeait. La vie de Mizuki nous permet aussi de plonger au coeur d’une société en pleine mutation, celle du Japon des années 30. Une société passée en l’espace de quelques décennies d’une société de villages de pêcheurs à l’une des premières puissances mondiales.
Ce premier tome de La vie de Mizuki couvre les 20 premières années de la vie de l’auteur, une période antérieure donc à la publication de ses premiers travaux, qui n’aura lieu qu’à la fin des années 50. On suit ainsi le petit Shigeru dans sa famille, autrefois puissante mais maintenant désargentée. On le voit entrer à l’école, ce qui nous vaut quelques chapitres qui nous font furieusement penser à la guerre des boutons, et on assiste bien sûr à la montée du militarisme dans cette société où le nationalisme fervent est largement partagé. L’album se clôt au moment de l’incorporation du jeune Mizuki dans l’armée impériale, et son envoi dans le Pacifique où il découvrira l’enfer de la guerre et où il sera plus tard gravement blessé (lire Opération Mort).
Un album qui interessera donc les nombreux lecteurs de Mizuki et plus généralement ceux et celles d’entre vous que la culture et la civilation nippones intéressent.
Editions Cornelius – 33,50 euros