SPOONER – Pete Dexter

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spooner Voilà un bouquin qui devrait procurer aux lecteurs de Pete Dexter une émotion assez comparable à celle qui étreignît les fans des Stones un certain jour de 1980, à la sortie de Emotional Rescue. Du style : Pincez-moi, c’est pas Pete Dexter, ça ? » Et ben si, mon gars ! Et c’est même assez évident, une fois la première surprise passée. Et même que c’est un très intéressant bouquin. Sûr, ce n’est pas du polar, mais on y retrouve les constantes de l’oeuvre de Dexter : cela se passe à Philadelphie, le héros est journaliste et il y a du cassage de gueule dans l’air.

J’avoue avoir eu un problème avec les trente ou quarante premières pages, vu que la scène à la maternité qui ouvre le livre est un tantinet too much. Cela m’a donné l’impression d’entamer un roman d’Irving (*) en beaucoup moins bien. Mais j’ai vraiment aimé la suite, au point de m’enquiller le pavé de 550 pages en 2 jours. Un rapide résumé de l’histoire : Spooner (Dexter ?) est un jeune type qui a le chic pour, dès qu’il est confronté à deux options, choisir automatiquement celle qui lui rapportera le maximum d’emmerdes. L’éditeur présente le roman comme l’oeuvre la plus autobiographique de Pete Dexter, ce que confirme les éléments biographiques présentés par le très bon site A l’ombre du polar que je vous invite à consulter. Spooner bénéficie de l’aide et de l’affection de son beau-père, Calmer, ancien officier de marine et professeur, qui l’aide à se construire malgré la mauvaise volonté évidente qu’y met Spooner. On suivra Spooner et son beau-père sur une grosse quarantaine d’années.

Autant l’avouer, je ne suis pas convaincu à 100% par la structure du roman. On sait que Dexter aime bien changer son fusil d’épaule et abandonner un personnage central en cours de roman pour en favoriser un autre. Sauf que la petite soeur qui est tellement importante, passée 10 ans, on ne sait plus trop ce qu’elle devient. Et si elle disparaît, c’est en soit une histoire, non ? Sauf que les deux ou trois chapitres consacrés exclusivement à Calmer ont l’air, comment dire… un peu artificiellement rapportés. Mais bon, je me montre peut-être excessivement critique, car j’aime beaucoup ce que j’ai lu de Pete Dexter. Spooner reste tout de même très au-dessus de la production courante. Peut-être pas un grand livre, mais un livre riche, et d’une lecture très agréable, je peux vous l’assurer. Cela dit, si vous ne connaissez pas l’auteur, Cotton Point vient d’être réédité en poche (points). C’est, de l’avis de bons connaisseurs de l’oeuvre de Dexter (je n’ai malheureusement pas encore lu ce livre), son meilleur roman.

(*) je n’ai rien contre Irving, mais j’ai peut-être un peu trop lu de romans d’apprentissage à une certaine époque.

traduit de l’anglais (E.U.A) par Olivier Deparis

Editions de l’Olivier – 24 euros

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