New York, un quartier, un bar, des employés, une agression, des flics. L’action est resserrée dans le temps et les lieux : on suit les protagonistes depuis le matin précédent l’agression jusqu’au jour de la résolution de l’affaire, soit une douzaine de jours après. C’est vif et dialogué comme un bon film ou une de ces excellentes séries policières américaines : oui, Richard Price est scénariste, et pas l’un des moindres, et il sait mettre ce don au service de ses romans. Les séquences d’interrogatoires au commissariat sont tout bonnement grandioses. Au-delà de la description mécanique policière, les personnages ont une vraie densité, chacun réagissant à l’explosion de violence à sa manière. Richard Price juxtapose les situations des familles de la victime et du coupable, les réactions opposées des deux témoins, les intuitions différentes des flics. Pas d’universalisme donc, mais un kaléidoscope nerveux qui réussit à rendre compte des nombreuses dimensions d’un fait divers, dans ce quartier de New York en pleine mutation qu’est le Lower East Side. De l’excellent polar newyorkais, de ceux qui vous imprègnent longtemps.
Traduit de l’anglais par (Etats-Unis) Jacques Martinache
Presses de la cité – 21,50€
A lire aussi, parce que cet auteur mérite bien qu’on s’y attarde, Le Samaritain (10/18, 10 €), l’histoire d’un raconteur d’histoires, un scénariste, à qui il arrive une triste histoire, une agression. Le sujet ressemble à Souvenez-vous de moi, l’irruption de la violence, et l’on retrouve son sens consommé du dialogue et de la construction, et comme d’habitude, Richard Price saisit le lecteur et ne lui laisse pas la possibilité de refermer le livre. Et quel génie des anecdotes, ces petites digressions qui approfondissent la psychologie d’un personnage ou le décor.