Le Rébétiko, puisque vous êtes aussi féru de musicologie que moi, vous le savez, est un genre musical né en Grèce, pendant l’entre-deux-guerres, le petit dernier d’une famille composée par le jazz, le blues, la musique orientale et le tango, en quelque sorte. C’est une musique de mauvais garçons, qu’on joue dans les fumeries du Pirée, jusqu’au petit matin. David Prudhomme décrit le quotidien d’un groupe de Rébétiko, pour qui la musique est une nécessité, malgré les interdits qui la frappe : entre les morceaux, euh pardon les pages, mélancoliques, David Prudhomme insère ces courses poursuites comiques avec les gendarmes. Le petit théâtre des bas-fonds du Pirée devient un condensé de cette période floue que sont les années 30 : des formes artistiques nouvelles et dérangeantes, une profonde inquiétude sur l’avenir, d’un côté, et de l’autre, la montée des fascismes. Le génie de Prudhomme, car il faut bien le dire, ce livre est formidable, est d’aborder tous ces sujets avec subtilité, se concentrant sur ses personnages, s’appliquant à rendre en dessin la musique et la danse. C’est souple et langoureux, beau et desespéré, comme cette musique. Sans conteste l’un des plus beaux livres de l’année.
Futuropolis – 20 €
Pour les petits curieux, le site d’un groupe contemporain de rébétiko, Sex drugs & Rebetiko