MARCHAND DE LIBERTE – Stanley Elkin

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ELKIN Alexander Main, auto- surnommé le Phénicien, est un drôle de bonhomme. Son métier, déjà, n’est pas banal : il est bailbondsman, marchand de liberté. Il se porte garant pour les truands et autres malfrats remis en liberté sous caution, et empoche une commission proportionnelle au montant de la caution dont il fait l’avance, charge à lui de faire en sorte que le justifiable se pointe bien à son procès. Un boulot qui demande donc plus de flair que de déontologie, et fait du marchand de liberté l’équivalent juridique du chasseur de primes, un charognard toléré parce qu’il a sa place dans l’écosystème de la justice américaine, mais méprisé des juges comme des avocats, et même des truands. Le Phénicien a un sale boulot mais comme dit l’autre, il a une excuse : il le fait salement. Cynique absolu, c’est aussi un personnage beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. On va s’en rendre compte tout au long des 180 pages de ce court roman, qui nous fait suivre le Phénicien dans son activité de tous les jours.

Malgré un thème, un décor (le Cincinatti des années 60) et un personnage principal qui évoquent le récit policier, Marchand de liberté n’est pas un polar à proprement parler. La structure, les digressions, le rythme, les passages oniriques le rapprochent davantage d’une certaine littérature « underground » nord-américaine des années 70 (époque à laquelle le livre a effectivement été écrit)… ce qui n’empêche pas des passages dialogués d’une verve que ne renierait pas Michel Audiard.

Merci donc aux éditions Cambourakis de nous permettre de découvrir/redécouvrir ce titre très plaisant et diablement original de Stanley Elkin, un auteur assez largement oublié mais dont on trouve tout de même deux ou trois autres titres toujours disponibles chez Denoël et Mercure de France.

Traduit de l’américain par Jean-Pierre Carasso

Editions Cambourakis – 20 euros

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