Teodore Szacki est procureur à Varsovie ; dans le système judiciaire polonais, c’est un peu l’équivalent de notre juge d’instruction. Il est amené à enquêter sur un crime étrange survenu dans le cadre d’une psychothérapie de groupe d’un genre un peu particulier. L’un des participants a été retrouvé mort, une broche à rôtir plantée dans l’oeil, et il est possible que le coupable soit l’un des participants, secoué par la résurgence d’éléments traumatiques que la séance de thérapie aurait réactivé. A moins qu’il ne faille chercher l’explication plus loin dans le passé de la victime et de son entourage, car le crime a peut-être ses racines dans le passé communiste du pays que certains ont tout intérêt à ne pas remuer.
Les impliqués est un roman qui se lit avec grand plaisir et nous emmène dans un pays voisin mais que nous connaissons finalement très peu. Du point de vue du roman policier, c’est même une véritable terre inconnue. Au-delà de l’intrigue proprement dite, le roman nous plonge dans le quotidien de la Pologne post-communiste, où l’appareil judiciaire semble être un peu le parent pauvre d’une société largement ouverte au système libéral. Un pays où le procureur Szacki est obligé de compter chaque zloty et hésite plus d’une fois à se prendre un café en terrasse.
Le personnage du procureur est d’ailleurs la grande réussite de ce roman. Un personnage attachant et légèrement rigide qui pourtant, à 36 ans, est assailli par le doute et une certaine désillusion. D’un point de vue personnel aussi, il a de nombreuses raisons de gamberger, à cause d’un mariage qui sombre peu à peu dans une routine insatisfaisante. Sa rencontre avec une jeune journaliste constitue à la fois une bouffée d’oxygène et une source de confusion supplémentaire.
Pour le situer dans la nébuleuse des romans policiers, Les impliqués se situe dans la ligne des polars nordiques, où l’analyse sociale/sociologique ne s’efface pas devant l’intrigue, on pense en particulier aux polatrs de Sjöwall et Wahöö.
Nous retrouverons le procureur Teodore Szacki dans deux autres enquêtes, que l’auteur Zygmunt Miloszewski, a choisi de situer en dehors de la capitale, afin d’éclairer d’autre faces de la réalité polonaise. Elles devraient paraître en France en 2015, ce qui vous laisse largement le temps de découvrir et d’apprécier votre premier roman policier polonais !
Traduit du polonais par Kamil Barbarski
Mirobole Editions – 22 euros