Premier roman traduit de l’anglais d’un auteur indien habitant Bombay, Le tigre blanc est une belle découverte, livrée par un jeune homme énervé et plein de talent. L’histoire est celle de Balram Halwai, propriétaire d’une compagnie de taxi à Bangalore, la Silicon Valley indienne, self-made man et entrepreneur capitaliste autoproclamé. Né dans la caste des confiseurs, Baram a quitté son village pour devenir le chauffeur attitré du fils de l’un des boss du village qui s’est installé à Delhi. Lui, né du côté des « ténèbres » va faire connaissance avec l’autre Inde, celle des riches, des politiciens véreux, de tous les puissants qui, quoi qu’ils fassent, se trouveront toujours du bon côté du manche. Le livre est une satire féroce d’une certaine société indienne désireuse de singer les pires côtés de l’occident, on y découvre une classe politique corrompue au point de faire passer les époux Balkany pour des parangons de vertu républicaine, des riches arc-boutés sur leurs privilèges, des pauvres habitués à subir et obéir. Balram Halwai, qui doit son ascension sociale à un meurtre et au reniement de sa famille apparaît comme le seul personnage doté d’un certain sens moral. Un roman au ton acide, souvent drôle, à conseiller sans hésitation.
Traduit par Annick Le Goyat
Buchet-Chastel – 22 euros