LE PASSE CONTINU – Neel Mukherjee

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MUKHERJEE Voici un livre imparfait et touchant, intime et très ambitieux, à cent lieux des romans indiens « exotiques » et un peu formatés dont on a été abreuvés ces dernières années. Le passé continu nous dit l’histoire de Ritwik Gosh, jeune étudiant né à Calcutta et fraîchement immigré en Grande-Bretagne pour y suivre des études de littérature anglaise et aussi, et surtout, prendre un nouveau départ après le décès de sa mère, un événement qui clôt une histoire familiale traumatisante, laquelle hante littéralement Ritwik.

Le thème central du roman est celui de la rencontre : rencontre entre deux civilisations aux destins inextricablement mêlés, la civilisation anglaise et la civilisation indienne, rencontre entre deux individus que tout oppose : Ritwik, jeune immigré homosexuel en situation irrégulière et Anne, la vieille femme grabataire et portée sur la bouteille qui lui offre le gîte en échange d’une aide pour les actes de la vie quotidienne.

Pour illustrer la fascination réciproque qu’entretiennent l’Inde et l’Angleterre, ainsi que la difficulté qu’il y a à se mettre à la place de l’autre, Neel Mukherjee use du stratagème consistant à faire relater par Ritwik l’histoire de Miss Gilby, une jeune femme qui un siècle avant lui fit le chemin inverse et voulut quitter son milieu d’origine pour s’immerger dans la culture indienne en devenant le professeur d’anglais et la dame de compagnie d’une jeune femme de la haute bourgeoisie bengalie.

Ce second récit en alternance offre également un espace de respiration bienvenue, car le récit du quotidien de Ritwik est âpre et parfois cru, même s’il ménage quelques parenthèses de douceur lors de la description des échanges avec la vieille Anne, qui sont d’une justesse époustoufflante.

Le passé continu a reçu le prix du meilleur roman indien de langue anglaise lors de sa parution l’année de sa parution en Inde, en 2008.

Traduit de l’anglais par Valérie Rosier

Editions JC Lattès – 22 euros

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