Oscar n’est vraiment pas gâté par la nature : obèse, myope et toujours puceau à un âge où les autres jeunes dominicains multiplient les conquêtes, c’est même le loser absolu. Gravement complexé, portant sa virginité comme un fardeau, Oscar se réfugie dans le monde de la fantasy et dans l’écriture d’un manuscrit qui compte déjà plusieurs milliers de pages. Rassurez-vous, il ne s’agit pas là d’une version écrite d’American Pie mais d’un projet plus ambitieux et j’imagine beaucoup plus intéressant (je confesse n’avoir pas vu American Pie). L’écriture déborde d’énergie à chaque page, et, si l’usage intensif de l’espagnol et du spanglish peut déconcerter, on se laisse facilement emporter par la verve des différents narrateurs. Le second personnage important du roman, c’est le « fuku », la malédiction qui se transmet aux membres de la famille d’Oscar de génération en génération, ce qui permet à l’auteur, Junot Diaz, de nous ballader entre deux époques (la fin des années 50 et aujourd’hui) et de nous décrire quelques pages de l’Histoire dominicaine. Nous ferons ainsi connaissance avec le sympathique Rafael Trujillo, dictateur de la République Dominicaine pendant trois décennies et pprotagoniste de ce roman. La brève et merveilleuse vie d’Oscar Wao a remporté le prix Pulitzer 2008 dans la catégorie Romans et devrait, espérons le, faire une jolie carrière en France.
traduit de l’anglais par Laurence Viallet
Plon (coll. Feux croisés) – 22,90 euros