Olivier Rolin a beaucoup bourlingué, de l’ex-URSS au Soudan et un peu partout à la surface de cette planète. Au gré de ses voyages il a noirci des carnets de notes dans lesquels il consignait les rencontres qu’il rapporte aujourd’hui dans ce récit magnifique.
Si on croise quelques célébrités dans les pages d’Extérieur Monde, (la non-rencontre de Borges à Buenos Aires est savoureuse) ce sont des anonymes, des hommes et des femmes avec lesquels il partagea des instants de vie qu’Olivier Rolin évoque ici. Des rencontres d’une densité particulière, peut-être à cause de leur caractère éphémère, de la certitude de ne pas se revoir.
D’une page à l’autre, on enjambe un océan ou quelques décennies, le récit d’une rencontre suscite l’évocation d’une situation déjà vécue, le regard échangé en rappelle un autre croisé autrefois. Cette construction marabout de ficelle donne vie et rythme et cohérence à ce récit d’un charme fou, et nostalgique sans être passéiste. Si de son propre aveu Olivier Rolin n’a pas voulu écrire le récit intime d’un écrivain voyageur, il nous en dit beaucoup sur sa sensibilité et son humanité. Un livre magnifique, impossible à lâcher, et qui donne envie de boucler sa valise.
Gallimard – 20 euros