G comme… GROS

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Vous êtes sûr que vous n’avez pas moins gros ?

Quoique vous en pensiez, il ne sera pas question du poids des libraires, mais bien de celui des livres. La question du surpoids et de l’IMC* s’impose en effet régulièrement au libraire : l’apparence physique reste un critère de choix majeur, même en ce qui concerne les livres. Régulièrement, les scolaires sont effarés par les choix de leurs professeurs, mais je les soupçonne de râler même quand il s’agit d’une farce de Molière en un seul acte. Et puis il y a les livres qui sont trop gros pour rentrer dans un sac à main ou de voyage. Il faut bien avouer qu’un livre de poche qui fait 1020 pages rentre rarement dans une poche. Mais quoi, lecteur timide, tu te laisseras impressionner par le nombre de pages ? Passe donc au-delà des apparences et des préjugés, et saisis donc ce gros livre bien feuillu. Et succombe au plaisir de déguster un mille feuilles. Promis, tu ne prendras pas de poids.

En parlant de gros livres, je resterai à jamais marquée par une histoire de dictionnaire : il y a quelques temps de cela, un client avait commandé un dictionnaire Larousse des noms propres ; il revient deux jours plus tard insatisfait de son achat. Le verdict est sans appel, il est trop gros, enfin, trop grand. 19 cm sur 25,5 cm. Ca ne fonctionnait pas, puisque le dictionnaire des noms communs qu’il avait acquis plusieurs années auparavant mesurait 15 cm sur 23,5. Flagrante incompatibilité de format ; du coup je me suis gardé mon dictionnaire, victime de son tour de taille.

Certains clients, assez rares au demeurant, ne jurent par contre que par le grand format, quand d’autres leur préfèrent systématiquement le livre de poche. Ces derniers, quand ils ont entendu parler d’un livre dans les médias demandent alors s’il existe en poche. Vaste question… pour tout vous dire, on parle en général dans les médias des « nouveautés », c’est-à-dire les livres qui viennent de sortir, en grand, et gros, format. La parution en poche dépend du succès de cette première édition ; l’édition en petit format est une seconde vie pour le livre, et l’on attend donc que la première ait naturellement pris fin (quand les ventes rendent leur dernier souffle…). Si Millenium continue à se vendre en grand, pourquoi le passer en poche ? Il faut donc au minimum attendre un an pour la parution en poche, voire plus. Et si presque toutes les maisons d’édition ont aujourd’hui leur département poche (Gallimard a Folio, Le Seuil a Points, Actes Sud a Babel), les politiques d’acquisition de droit de ces derniers ménagent parfois des surprises. Pas encore de loi mathématique précise sur cette question, mais du suspense à tous les étages.

Saviez-vous d’ailleurs que le livre de poche est apparu en France en 1953, avec Hachette et sa maison d’édition qui porte l’original nom de « Livre de Poche » ? et que cet acteur devenu incontournable fut houspillé par un certain nombre de personnalités de l’édition ? Dans les années 60, Hubert Damisch publie un violent réquisitoire dans Le Mercure de France intitulé « La Culture de Poche » (une entreprise « mystificatrice puisqu’elle revient à placer entre toutes les mains les substituts symboliques de privilèges éducatifs et culturels »), et Les Temps Modernes consacrent à la question deux numéros. Et des éditeurs comme Jérôme Lindon, qui dirigeait Minuit, ont refusé pendant des années de faire des collections de poche.

Mais comme je suis pour la paix des ménages, je vous invite donc à prendre la poire et le fromage, Laurel et Hardy, le gros et le petit…

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