UNE IMPOSTURE – Juan Manuel de Prada

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prada Du mal, peut-il sortir un bien ? C’est la question morale qui structurera toute l’existence d’Antonio Exposito. Petit voyou qui subsiste en plumant les pigeons dans le Madrid des années 30, il forme un duo qui fonctionne plutôt bien avec Carmen, une petite vendeuse des rues. Carmen appâte les gogos, de riches marchands provinciaux venus s’encanailler à Madrid, et Antonio leur fait les poches. Jusqu’au jour où l’escroquerie tourne mal et se solde par un cadavre. Pour échapper à la police, Antonio s’engage dans la division Azul et part se battre sur le front russe. Là-bas, il fait la connaissance du sous-lieutemant Gabriel Mendoza, avec lequel il partage une étonnante ressemblance physique.

Idéaliste en rupture avec son milieu familial très favorisé, Gabriel Mendoza devient son ami et son mentor. Quand les espagnols qui ne sont pas morts sous les balles des russes sont faits prisonniers, le courage de Mendoza aide Antonio et l’ensemble des prisonniers espagnols de la division Azul à ne pas sombrer dans un désespoir complet. Au cours de la tentative d’évasion qu’ils font ensemble, Gabriel Mendoza est tué. Les autorités russes proposent à Antonio Esposito de prendre l’identité du mort et de leur servir d’indicateur. Antonio accepte.

Huit ans ont passé. C’est l’heure, pour les prisonniers espagnols, d’être libérés. Que faire ? Retrouver sa condition de petit voyou sans le sou, ou se glisser dans la peau du riche héritier Gabriel Mendoza ?

Une imposture est un roman d’aventures plein de rebondissements où les personnages cherchent en vain à échapper à leur destin. Tour à tour courageux et lâche, amoureux et complètement égoïste, Antonio est un personnage complexe qu’on n’arrive jamais complètement à cerner. Quelle est sa part de responsabilité ? Est-il encore capable d’aimer de ou l’imposture qu’est devenue sa vie lui interdit-elle définitivement de donner libre cours à ses sentiments ?

Roman haletant servi par une très belle écriture, Une imposture est également riche d’enseignements sur l’histoire de l’Espagne dans la période qui suit la victoire de Franco et qui verra le Caudillo évincer petit à petit les phalangistes et mettre en place l’appareil national conservateur qui perdurera jusqu’en 1975.

Traduit de l’espagnol par Gabriel Iaculli

Le Seuil – 23,50 euros

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