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grands reportersGRANDS REPORTERS – Christian Hoche

L’avis de Patrick :  » « Hoche pas mort », ce fut le dernier télégramme envoyé par l’ambassade de France à Saïgon en 1975, avant que les communications téléphoniques ne soient coupées entre la future Ho Chi Minh Ville, tombée aux mains des soldats de Giap, et le reste du monde. Journaliste à l’Express, Christian Hoche avait été blessé et laissé pour mort – son père fut officiellement informé de son décès – sur le terrain alors qu’il observait la progression des troupes nord-vietnamiennes. Retenu prisonnier par le Vietcong, il fut finalement retrouvé et échangé par Jean Pouget contre deux jerrycanes d’essence.

Le télégramme envoyé par l’ambassade de France est aujourd’hui enseigné dans toutes les écoles de journalisme dont les élèves, du moins les plus audacieux, rêvent un jour de devenir d’autres Christian Hoche. Avec ; à la clef, le Prix Albert Londres qui couronna le « miraculé des rizières ». Nul autre que lui n’était plus indiqué pour choisir les textes composant ce recueil et reconstituer de la sorte « la plus belle rédaction du monde »

Le Prix .Albert Londres, c’est un peu le Goncourt ou le Nobel des journalistes. Il porte le nom du père du reportage moderne, Albert Londres, l’homme qui révéla à l’opinion publique l’enfer du bagne de Cayenne et dont les reportages sur la Chine ou le Proche Orient étaient lus avec ferveur par des centaines de milliers de personnes. Un homme assez rebelle pour affirmer à un patron de presse qui voulait l’obliger à atténuer l’un de ses articles contraire à l’esprit du journal : « Un journaliste ne connaît qu’une ligne, celle du chemin de fer et du paquebot ! ». Assez original aussi pour faire figurer dans ses notes de frais à la rubrique « charités diverses » les sommes versées à quelques demoiselles de petite vertu. Mort mystérieusement dans l’incendie du navire qui le ramenait de Chine, Albert Londres demeure un modèle inégalé, infiniment plus séduisant et plus sulfureux que le médiocre Tintin de Hergé.

Cette anthologie nous parle d’un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître, celui où Internet, le fax et le téléphone mobile n’existaient pas et où les « envoyés spéciaux » crapahutaient dans les rizières, les djebels et les sierras sans être « embedded », pris en charge, par les services de relations publiques des armées. Un temps où les patrons de presse ne regardaient pas à la dépense et faisaient partir aux quatre coins du monde leurs journalistes avec, pour seule consigne, d’envoyer de longs récits qui feraient la Une et qu’on ne couperait pas au nom de la « dictature de la maquette » ou des impératifs du service de la publicité.

C’était le temps où l’on ne faisait pas court, où le journaliste ne se sentait pas obligé de se transformer en donneur de leçons, mais racontait ce qu’il voyait, ce qu’il ressentait, ce qui le fascinait mais aussi ce qui le révulsait. Il nous faisait découvrir aussi bien les grands de ce monde que les laissés pour compte, nous immergeait dans la cour du Shah ou dans un obscur maquis. Rien d’étonnant à ce que ce recueil fasse une large place aux différents conflits qui ont marqué la seconde moitié du XX° siècle : Indochine, Algérie, Vietnam, Proche Orient, Irak.
Ces reportages étaient écrits sous les bombes et la mitraille, leurs auteurs n’ayant qu’une seule obsession : trouver le moyen de faire parvenir leur papier en temps et en heure à leur rédaction. Ce n’est qu’après qu’ils réalisaient qu’ils avaient peut-être, qu’ils avaient sûrement risqué leur vie pour quelques lignes. Mais quelles lignes ! Infiniment plus parlantes et plus remuantes que les images télé diffusées en boucle sur toutes les chaines. Bien entendu, ces hommes et ces femmes n’étaient pas tous des anges. Certains picolaient beaucoup, d’autres se laissaient séduire par certains paradis artificiels, quelques-uns pétaient les plombs avant de se reprendre. Ils n’acceptaient de fréquenter que leurs semblables, l’humble piétaille des grands reporters et envoyés spéciaux qui se retrouvaient dans les mêmes bars, les mêmes hôtels, pour humer la mort et la vie et pour traquer par-delà la misère la plus noire une parcelle d’espérance.

Un bon conseil en ces temps où les médias ont mauvaise presse et où les journalistes sont soupçonnés des pires maux : plongez-vous dans ce recueil. C’est un excellent antidote contre la « pensée Kodak », cette série de navrants clichés colportés par les nouveaux Bouvard et Pécuchet de droite et de gauche, les Mélenchon et autres Frédéric Lefèvre, ces pourfendeurs de l’information. On y découvre ce qu’a été, ce qu’est encore et ce que sera sans doute la presse : un formidable livre ouvert sur le monde.

Ce n’est sans doute pas un hasard si, aujourd’hui, l’on voir fleurir des revues d’un type nouveau, comme XXI, qui remettent à l’honneur le « grand reportage », les papiers d’ambiance, les récits fouillés. Albert Londres n’est pas mort. Hoche non plus et c’est toujours ça de gagné sur le conformisme ambiant. »

Les Arènes – 29,90 €

atlas inconnusL’ATLAS DES INCONNUS – Tania James

L’avis d’Hélène : « Un grand roman américain sur l’Inde d’aujourd’hui, à travers le portrait d’une famille pauvre du Kerala. L’une des filles obtient une bourse et part vivre à New-York, tandis que l’autre, qui a abandonné ses études, reste en Inde. Le destin de chacune se révélera bien sûr plus complexe que ce que l’on peut imaginer à la lecture de cet énoncé. Très beau roman à l’écriture enlevée, l’Atlas des inconnus est une histoire prenante à travers laquelle on découvre une région méconnue, et des personnages attachants analysés avec finesse. »

Editions Stock – 22,50 €

chinois quelques116 CHINOIS ET QUELQUES – Thomas Heams-Ogus

L’avis de Thomas : « C’est à peine une histoire, plutôt un fait historique : comment un peu plus d’une centaine de Chinois d’Italie furent confinés dans un trou paumé des Abruzzes entre 1941 et 1943, sur l’ordre de l’administration mussolinienne. Voilà pour le pitch.

Ce qui est intéressant, c’est le traitement littéraire qu’octroie Thomas Heams-Ogus à cette absurdité sans bornes, comment il arrive à retranscrire, dans une prose à la précision chirurgicale, la grande vacuité de cette situation, cette sensation d’enfermement quasi mutique s’accompagnant d’une souffrance qui ne se dit pas non plus.

C’est un parti-pris plutôt audacieux, parce qu’il eût été facile de verser dans l’horreur liée aux camps de concentration – c’est la terminologie dont usaient très officiellement les autorités italiennes –, d’en rajouter des tonnes dans l’affect et d’éprouver ainsi le lecteur.

La sobriété est sans doute ce qui colle le mieux à ce fait historique qui pourrait tenir en quelques lignes dans un livre d’Histoire – c’est d’ailleurs ainsi que l’auteur l’a découvert. Il n’y a en l’occurrence rien à jeter dans l’écriture de Thomas Heams-Ogus, c’est sec sur l’os, ajusté au millimètre. Et c’est assez impressionnant, si l’on imagine que c’est un premier roman d’un jeune homme d’une trentaine d’années et biologiste de son état (ceci n’est pas une attaque envers les biologistes). Je pourrais bien pinailler en arguant du fait qu’à mon goût, c’est in fine un peu froid stylistiquement parlant. Mais je préfère retenir toutes les qualités qu’il y a dans ce presque récit : c’est beau, c’est précis et ça c’est plutôt rare de nos jours.

A s’envoyer en une demi-soirée – 120 pages, quoi ! – et à méditer en ces temps de traque aux Roms. Pan, dans l’œil ! »

Le Seuil – 15 €

aventures John LES EXTRAORDINAIRES AVENTURES DE JOHN LOFTY OAKES – Catherine Rey

L’avis d’ Eliette : « Un récit sous forme de conte où réflexion et imagination se mêlent. C’est l’histoire d’un petit poucet, John Loft Oakes dit Lijo, né en 1883 à Guildford en Australie occidentale, et qui pleure des larmes d’or. Ses mémoires racontent sa vie aventureuse et son parcours initiatique en compagnie de son ami Bartholomé à travers l’Australie, les îles Fidji, du sud de l’Inde à Panaji et sur des planètes lointaines, avant de revenir à sa terre natale. »

Editions Joelle Losfeld – 22,50 €

vies eugene LES VIES EXTRAORDINAIRES D’EUGENE – Isabelle Monin

L’avis d’Anne-Sophie : « J’ai eu un peu peur en débutant ce livre écrit sous la forme d’un journal personnel. Et puis, doucement, je me suis laissée prendre à ce travail de deuil original : le père d’un bébé grand prématuré et décédé au bout d’une semaine se lance dans un travail d’historien sur son fils. Tous les prétextes sont bons pour écrire et le décrire, pendant que sa femme coud sans relâche des pantalons en velours rouge pour tous les âges qu’il ne saurait désormais atteindre. Il y a de la nostalgie, de la fantaisie, de l’audace, de l’humanité, beaucoup de souffrance, mais pas de désespoir irréversible…au contraire ! »

JC Lattès – 17 €

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