L’OMBRE DE L’EUNUQUE – Jaume Cabré

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eunuque La lecture des Voix du Pamano avait été un tel choc (le meilleur roman que j’ai lu en 2009, à ce jour) que je m’étais promis de lire ce que Cabré avait écrit avant ce très grand roman. J’ai continué par son livre précédent, L’ombre de l’eunuque, paru chez Bourgois en 2006. Autant le dire tout de suite, ce roman ne se situe pas tout à fait au même niveau que Les voix du Pamano, même s’il laisse entrevoir d’excellentes choses.
Le principe qui consiste à mêler les époques en floutant les frontières temporelles est déjà là (les six ou sept générations évoquées dans le roman sont « compressées » dans la durée du -long- repas que partagent le protagoniste et la jeune journaliste qui l’interroge), mais semble moins maîtrisé. La lecture des premières pages demande un réel effort de concentration, peut-être est-ce dû au fait que nous sommes là dans une saga familiale, avec ce que cela suppose de liens familiaux compliqués. Reste tout de même la qualité de l’écriture (et de la traduction), cette capacité remarquable de Cabré à créer des profils psychologiques ultra-crédibles permettant une vraie empathie, cette qualité rare qui consiste à instiller du suspense dans une trame, sans que l’édifice narratif ne repose entièrement sur cela.
Bref, si vous avez déjà lu (et aimé) Les voix du Pamano, procurez-vous sans hésiter cet autre roman de Jaume Cabré car en dépit des quelques réserves que j’exprime ici, L’ombre de l’eunuque est un très bon livre, qui se situe bien au dessus de l’essentiel de la production actuelle. On reparle de Cabré dans quelques mois, quand j’aurai lu Sa seigneurie, le troisième et dernier roman (le premier en fait) traduit en français.

Traduit du catalan par Bernard Lesfargues

Bourgois – 27 euros

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