GRAND HOMME – Chloe Hooper

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hooper Sable blanc, palmier et mer turquoise : Palm Island, à quelques encablures de la côte nord-est australienne, état du queensland, collerait assez à l’idée qu’on se fait du paradis sous nos latitudes. On est en fait au coeur de « l’Australie Noire », où les aborigènes (1% de la population australienne) sont majoritaires. Chris Hurley, la trentaine, est le brigadier-chef de l’île. En clair, c’est le flic number one sur Palm Island, chargé d’assurer l’ordre. Tâche compliquée car Palm Island est un concentré des maux qui rongent l’Australie aborigène : alcoolisme généralisé, perte des repères culturels, violences conjugales, problèmes de santé publique, délinquance… Un jour, Chris Hurley coffre un type qui fait du grabuge dans la rue et l’insulte. Rien que de très habituel, sauf que le jeune aborigène meurt dans sa cellule, victime de brutalités. Racisme ordinaire ? Accident regrettable ? Chloe Hooper qui n’a, dit-elle, « jamais vu un aborigène sauf à la télévision » suit l’instruction, puis le procès qui va opposer les deux communautés. Car la situation est moins claire qu’il n’y paraît. Si Hurley s’embrouille dans sa défense et change de versions, il n’a pas le profil du salaud type, et la victime encore moins celui du gendre idéal… Grand Homme, qui se lit comme un roman, donne à voir une Australie loin de l’image qu’on s’en fait, ou plutôt deux Australies, tant le Sud développé et le Nord du bush semblent deux pays différents que tout oppose. Un livre-reportage remarquable et très documenté, sur un fait divers qui a passionné l’Australie.

Traduit de l’anglais (Australie) par Antoine Cazé

Bourgois – 24 euros

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