ET NOS YEUX DOIVENT ACCUEILLIR L’AURORE – Sigrid Nunez

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NUNEZ Fin des années 60 à New-York : Ann et Georgette entrent à la prestigieuse université de Columbia. Pour Ann, c’est la suite logique du parcours d’une jeune fille brillante, issue d’un milieu très favorisé. Mais pour Georgette, l’accès à l’université est une véritable bouffée d’oxygène, qui lui permet de s’éloigner d’une famille marquée par la misère sociale. Ann et Georgette vont habiter ensemble sur le campus, à la demande d’Ann qui souhaitait partager sa chambre « avec une personne aussi différente d’elle que possible ». Un choix qui marque bien davantage le rejet total que la jeune fille fait de son milieu familial et de sa couleur de peau qu’une certaine forme d’ouverture d’esprit. Ann a honte d’être blanche, honte d’être riche. Le reniement de son milieu d’origine ne sera jamais assez total, ses parents jamais assez coupables. Ann va embrasser avec passion le combat des noirs américains dans la conquête de l’égalité des droits. Personnage (à mes yeux) profondément antipathique, Ann n’est est pas moins fascinante par sa cohérence et son jusqu’au-boutisme. Elle ira jusqu’à embrasser un rôle de martyr au nom de l’idéal qu’elle défend.

Entre ces deux jeunes filles, très différentes une amitié va naître, qui durera le temps d’une année universitaire avant de s’achever par une violente dispute. Des années passent avant que Georgette n’apprenne qu’Ann a été condamnée à la prison pour meurtre. C’est l’histoire de cette relation et de ses conséquenses qui constitue le fil rouge de cette histoire dont Georgette est la narratrice. L’auteur a renoncé à une narration chronologique et nous promène des années 60 aux années 90, à travers le parcours de Georgette, jeune femme de son temps et témoin d’une amérique qui change.

Par les thèmes abordés, Et nos yeux doivent accueillir l’aurore rappelle Fille noire, fille blanche de Joyce Carol Oates ou American Darling de Russell Banks, deux excellents romans avec lesquels le livre de Sigrid Nunez ne souffre pas d’être comparé. Une très heureuse surprise, que cette première traduction en Français d’une auteure déjà confirmée.

Traduit de l’anglais (E.U.A) par Sylvie Schneiter

Editions rue fromentin – 23 euros

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