N comme… NOUVEAUTE

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« Virgile, t’as lu le dernier Musso ? »

Ce bon vieux livre, objet archaïque qui plus est, aime à se faire beau et neuf pour garder vos faveurs. Chaque semaine apporte donc son lot de nouveautés. Du neuf, du nerf, du neuf, du nerf semble être le leitmotiv des shadoks de l’édition : pour vous donner une idée, en 2007, 75 385 livres ont été publiés, dont 37 326 nouveautés, soit 717,8 par semaine. A côté, le prêt-à-porter et ses quatre collections par an, c’est petit joueur. Mais l’édition emprunte aux chiffonniers quelques éléments, comme la saisonnalité. Vous pensiez les sphères intellectuelles au-dessus du pragmatisme marchand, et la littérature loin des lois du marché ? que nenni. Il y a en édition la collection Rentrée littéraire d’automne, la collection Rentrée littéraire de janvier, au printemps le lâché de best-sellers estivaux, et bien sûr le temps fort de la saison reste le défilé des prix littéraires. Pas toujours aussi glamour que la haute – couture et ses mannequins aspergeoformes, mais le cœur y est.
Le problème est donc de soutenir ce rythme, et de pomper pour pondre de nouveaux titres, puisque chaque saison chasse l’autre, et que les tables de librairie se transforment plus vite que Lynda Carter dans Wonder Woman. Le plus triste dans cette affaire de nouveauté (c’est amusant comme expression « la nouveauté », j’ai l’impression derrière un comptoir d’un magasin d’articles de Paris), c’est que ce neuf est bien bref. Au bout de six mois, c’est déjà de la vieille nouveauté (si si j’insiste sur l’oxymore).
Une parenthèse donc pour rappeler que les libraires au cœur pur font des efforts pour ne pas se laisser séduire par les charges répétées des shadoks, et aiment à conserver longtemps sur leurs tables certains titres qui sortent du lot et n’hésitent pas à ressortir leurs vieilles marottes de livres plus neufs du tout. L’esprit de contradiction.
Le terme « nouveauté » est d’ailleurs à nuancer. Ce n’est pas parce que c’est tout juste sorti de l’imprimeur que cela va révolutionner la littérature. Le problème de la mode c’est bien que ça se démode, avant de se recycler. Un jour prochain on honnira les jeans slim et les converse, et on réhabilitera le mullet et le jean neige. Pareil en édition, on fait du neuf avec du vieux et en cela les lois de la maquette sont impénétrables. On adore recevoir la 12ème édition de Mon poney ma passion, cuvée 2009, qui sous des atours un peu plus modernes a conservé les photos du siècle dernier de canassons qui pour la plupart sont morts et enterrés depuis bien longtemps. Ou de constater que Michel Vaillant porte bien son nom, du haut de son 70ème album.
Mais avouons tout de même que dans le boulot de libraire, s’il y a un truc plaisant, c’est bien d’ouvrir les cartons d’office (encore un terme de commerçant d’un autre temps, qui désigne la fameuse nouveauté). On frétille comme des gosses qui ouvrent leurs paquets de Noël. Sûr que quand on découvre le nouveau titre de cet auteur indien dont on avait tant aimé le dernier livre, on saute de joie. Parfois on fait aussi la tête de circonstance du mouflet qui attendait le circuit électrique de Michel Vaillant et qui se retrouve avec un gilet serpillère avec deux trous plus grands pour mettre les bras ou pire, un livre.

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