H comme… HUMEUR

Facebook

Harold travaille plus pour s’épanouir plus : croque-mort le matin, libraire l’après midi.

Comme disait Tristan, le poète maudit au succès réduit (une chanson et pas plus), je suis de bonne humeur ce matin. Et oui, y a des matins comme ça, bon pied bon œil, à marquer d’une pierre blanche. Youkaïdi youkaïda je vais travailler et vendre des livres en ébauchant quelques pas de chacha derrière la caisse ou de claquettes autour de la table de nouveautés, avec mon sourire de Gene Kelly, que même les intempéries ne feront pas frémir.

Si on continue comme ça, on va finir dans une pub pour la chicorée. D’ailleurs qui peut avaler un breuvage pareil ? Nous faire croire à coup de réjouissants tableaux d’harmonie familiale que cette poudre brune de la même famille que l’endive va vous permettre de bien commencer la journée… Certes chacun ses petites fantaisies et autres dépendances ; personnellement c’est le café, et ne vous approchez pas tant que je n’ai pas englouti ma première dose. Sinon là je suis de mauvaise humeur.

Le premier qui suggère que c’est bien là l’état normal d’un libraire, je l’oblige à boire une soupière de Ricorée.

Mais il faut bien le reconnaître, l’ours-attitude de ce corps de métier a fait passer dans le langage commun l’expression « aimable » voire « bourru comme un libraire ». Alors pourquoi choisir un métier (sport ?) de contact comme la librairie qui induit un certain amour de son prochain ? pourquoi les libraires boudent-ils ? pourquoi les coiffeurs parlent-ils de la météo ? pourquoi les boulangères ont-elles la voix haut perchée et disent toutes « avec ceci ce sera tout » ? pourquoi les bouchers portent-ils de grands tabliers blancs asymétriques et des petits calots sur la tête ? pourquoi les informaticiens utilisent une autre langue ?

Parce qu’il est si doux de céder aux sirènes du stéréotypes, voyons. Mais désireux de se développer personnellement, le libraire moderne combat ses instincts cyniques, sa formation initiale désillusionnante et son expérience dégrisante, et s’extirpera d’un folklore grognon. Et surtout parce qu’il ne veut pas finir comme son concierge, qui n’a pas dû sourire depuis sa sortie de l’enfance, et encore, je le soupçonne de ne même pas avoir ri aux facéties de Toto à cette époque-là. On se soigne donc, on boit un bon café et on fredonne un vieux tube.

Pour poursuivre la lecture